« Oh Riley... Tu es vraiment la plus belle fille que j'aie jamais vu. » J'observais l'homme qui se trouvait assis à mes côtés, mon éternel sourire ironique aux lèvres. Pauvre imbécile... Il ne se doutait même pas que la 'plus belle fille qu'il ait jamais vue' était en réalité un démon, un vrai, et qui était prêt à s'emparer de sa vie insignifiante. Cela lui apprendrait à suivre des femmes inconnues au sortir d'un bar mal famé. Il rougit sous mon regard en coin, et je ressentis son mal-être comme un coup de fouet à l'esprit. Que cet homme m'agaçait! J'étais constamment obligée de le calmer, or, l'usage prolongé de mon empathie me fatiguait . Il fallait que j'accélère le mouvement. Je plongeai mon regard dans le sien, fouillant ses pensées futiles d'humain, et il eu un mouvement de recul. Je savais ce qu'il devait voir, mes yeux, il y a encore quelques minutes d'un vert pur, prenant une teinte grisâtre et effrayante. « Euh... tes yeux...ils... » « Ne t'inquiète pas, mon chou. Tu n'auras que... très mal. » Mon sourire s'élargit, prenant une allure carnassière, tandis que je m'amusais mentalement à jouer avec sa douleur, la tirant dans tous les sens, satisfaite de le voir se tordre à mes pieds en hurlant à la mort. Ce qu'il ne savait pas, c'est que la mort, c'était moi.

Tuer. Voilà pourquoi j'avais été créée par Lucifer, huit-cent-soixante-seize ans plus tôt, dans les profondeurs de l'Enfer. Du potentiel? Je n'en avais pas, et à ma connaissance, je n'en ai jamais eu. Je pense que je suis venue au monde uniquement pour l'amuser un peu. La seule chose qui me différenciait des autres démons était mon don, l'empathie, ou la maîtrise des sentiments et des émotions, et c'est ce qui m'a peut-être valu un peu de respect des autres. Pour autant que je me souvienne, j'ai passé à peu près toute mon existence sur Terre, traquant les anges, tuant les humains, semant le chaos sur la misérable ville de New-York, ne rentrant en Enfer que pour prendre connaissance des ordres donnés par Lucifer. La vie de démon m'a toujours terriblement plu, et jamais l'idée ne m'a effleuré l'esprit de renier ma nature.

Jusqu'au jour où je l'ai rencontré. Un humain. Je ne peux pas vraiment appeler ça une rencontre, car ce n'en est pas une. Mon but premier était de tuer ses abrutis de petits amis, qui s'étaient amusés à me siffler dans la rue et à faire des commentaires obscènes à chaque pas que je faisais. Je voulais leur donner une leçon. Une leçon qui leur coûterait la vie, mais une leçon quand même. Et il s'était interposé. Il m'avait présenté des excuses. Si seulement il avait su que je n'avais que faire, de ses minables excuses! Tout ce que je désirais, c'était leur âme, un point c'est tout. Mais ses yeux... Ses yeux m'en avaient empêché. Ses yeux de glace m'avaient suppliée de les garder en vie. Et j'avais cédé. Malgré toute la volonté que j'avais de le tuer, j'en étais tout bonnement incapable. Et ce n'était pas faute d'avoir essayé, mais chaque tentative était soldée d'un échec, souvent parce que je me défilais au dernier moment. Je m'étais prise à rêver de lui, à rêver de mariages pendant lesquels je le massacrais au moment où il prononçait le 'oui' fatidique, à rêver qu'il de ma vie et me fiche la paix. Cependant, je savais parfaitement que je ne voulais pas qu'il meure. Je voulais tant qu'il soit un démon... Ou que je devienne humaine pour lui. Je ne m'étais jamais rebellée aux volontés de Lucifer, je n'avais jamais rien caché. Mais cette fois-ci, j'essayais de gagner du temps. Parce qu'on ne peut rien cacher, en Enfer. Rien du tout. Alors, autant repousser le moment où le maître viendrait à apprendre que j'étais tombée amoureuse. Quelle sottise! Comme si un cœur mort pouvait encore battre. Et pour un humain en plus, un être mortel! C'était impossible. Inconcevable. Irréel. Et pourtant c'était vrai.

Ce qu'il faut savoir sur moi, c'est qu'il vaut mieux, lorsque vous êtes un humain, un ange ou n'importe quel être mortel, ne pas croiser mon chemin, sous aucun prétexte. Me qualifier de cruelle serait un euphémisme. J'aime tuer, mais j'aime encore plus voir la pauvre victime se tordre de douleur, souffrir tant qu'elle me supplierait presque de l'achever. Le sadisme est mon troisième prénom. Mon séjour sur Terre m'a permis d'acquérir un sens pratique, je trouve toujours une solution à mes problèmes – en faisant abstraction du fait que mes solutions sont pour la plupart très... définitives. Je suis méticuleuse. Il faut que je fasse les choses qu'on me demande vite fait et parfaitement bien fait. Je suis colérique, et on pourrait tout à fait me qualifier de provocante. C'est la réalité. Je suis belle, je le sais, je ne vais pas m'en cacher. Je mens très souvent pour arriver à mes fins, et j'adore manipuler les gens. C'est comme regarder un film qu'on aurait soi-même réalisé. Terriblement satisfaisant. J'ai pour habitude de masquer tous mes sentiments, qu'ils soient positifs ou négatifs, pour ne laisser entrevoir qu'une facette ironique de moi aux personnes qui m'entourent. Et même si j'ai honte de l'avouer, je suis romantique. Mais ça, c'est parce que je suis restée trop longtemps en compagnie des humains. Oui, uniquement pour cela.

Date & Lieu de naissance : 2 février 1134 - Enfer
Métier : Au service de Lucifer - Pour la déco, journaliste.
Dons : Empathie
Vos Manies : Sourire ironiquement.
Un signe particulier ? : //